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Lorsque la candidate démocrate a présenté son programme économique, courant août, le Washington Post a fait grise mine. « Kamala Harris dévoile son programme politique populiste », titrait le quotidien de centre gauche, mettant en exergue « un crédit d’impôt de 6 000 dollars [5 500 euros] pour les nouveau-nés ». Dans un pays sans quotient familial ni allocations sociales généralisées, une telle proposition fait figure de petite révolution. Elle s’ajoute à une série d’autres : une aide à l’accession à la propriété, un effacement de la dette médicale, le plafonnement du reste à charge pour les médicaments, ou encore un crédit d’impôt aux créateurs d’entreprise.
Participant d’un discours faisant l’éloge des classes moyennes et de l’ascension sociale, ces mesures sont très progressistes, presque à l’européenne. Après la désignation de son adversaire, Donald Trump l’avait traitée de « camarade Kamala », de « communiste » et de « vice-présidente la plus incompétente et la plus à gauche de l’histoire américaine… C’est une folle radicale de gauche qui détruira notre pays si jamais elle a la chance d’accéder au pouvoir ». Injure suprême à ses yeux, M. Trump avait même déclaré en juillet qu’elle était « plus à gauche que Bernie Sanders ». Le sénateur socialiste du Vermont, vedette de la jeunesse progressiste à la primaire démocrate de 2016, avait dû voler au secours de Mme Harris. « Pour le meilleur ou pour le pire, Kamala Harris n’est pas plus progressiste que moi », avait affirmé M. Sanders, fin juillet.
La réalité, c’est que Joe Biden a adopté une politique bien plus à gauche que celle des précédents présidents démocrates Bill Clinton (1993-2001) et Barack Obama (2009-2017), parce que les Américains aspirent à des mesures plus à gauche. Traumatisés par la grande crise financière de 2008, le choc de la concurrence chinoise puis la pandémie de Covid-19, ils ont aujourd’hui une demande plus forte de protection étatique. Et Mme Harris continue sur ses traces. « Les positions politiques qu’elle a adoptées suggèrent qu’elle poursuivra, voire approfondira, la transformation du parti entamée sous Biden, qui a fait pression pour une intervention gouvernementale plus agressive dans l’économie », constatait le Washington Post.
Le mot n’est jamais prononcé, tant il semble daté et mal adapté aux Etats-Unis, mais le pays, qui regarde avec condescendance une Europe qui a décroché économiquement, prend paradoxalement, depuis quelques années, des airs sociaux-démocrates. En témoignent le retour en grâce des syndicats soutenus par Joe Biden, la hausse des bas salaires, la généralisation du droit à la santé, le retour des mesures anticoncurrentielles, l’ébauche d’une politique familiale…
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